Comme une fleur by Un livre Un film

Comme une fleur by Un livre Un film

Auteur:Un livre Un film [film, Un livre Un]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard/Série Noire
Publié: 1963-03-31T23:00:00+00:00


TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Quant à Parker, ce fut une piste mince et refroidie qui le mena de Stegman, le chauffeur de taxi de Canarsie, jusqu’à la fenêtre du St.David Hôtel. Le tuyau de Canarsie l’avait mené à une impasse. Il n’avait pas eu de mal à retrouver Lynn, car elle était abonnée au téléphone sous son vrai nom. Elle n’avait aucune raison d’agir autrement, puisque Parker en principe était mort. Mais Mal était plus prudent ; ou alors il avait changé de nom.

Donc Parker, à son retour de Canarsie avait réintégré Manhattan et l’hôtel où on lui avait gardé sa chambre, car il ne l’avait pas décommandée. Il avait ôté les vêtements qu’il portait depuis trois jours, pris une douche, s’était rasé, rhabillé, et il était sorti pour réfléchir en mangeant un morceau. Assis à une table de restaurant, il mit de l’ordre dans ses idées… Il avait essayé de toucher Mal par le truchement de Lynn, et la piste avait fait long feu dès le départ. Il fallait donc qu’il en essaie une autre… Mal, semblait-il, avait renoué des relations avec le Syndicat. On pouvait peut-être le retrouver par le Syndicat ?

Ça ne lui plaisait guère… Les gens du Syndicat avaient la réputation de se soutenir entre eux. S’il commençait à poser des questions, Mal en serait averti tout de suite. Il saurait que Parker était vivant, qu’il le cherchait… Mais ça le ferait sans doute sortir de son trou… Et d’ailleurs, si ça ne marchait pas, c’était fichu, il n’avait plus qu’à raccrocher !

Il finit son repas et prit un taxi jusqu’à Central Park Ouest et la Cent-quatrième Rue. C’était le côté moche du parc ; les bâtisses minables avaient proliféré vers le sud et l’est, pour venir se rejoindre au bord même de la zone verte. Parker suivit la Cent-quatrième Rue vers l’ouest et s’arrêta devant une épicerie baptisée BODEGA. Le mot était inscrit en lettres noires sur fond jaune, sous une réclame de Pepsi-Cola. Au-dessous, en lettres plus petites, se lisait le nom du propriétaire : Delgado.

À l’intérieur, ça puait la poudre à cancrelats, la farine pourrie, la cire à parquets, le vieux bois, l’humanité et cent autres odeurs.

Deux grosses femmes courtaudes, en vêtements noirs et luisants, tâtaient des petits pains durs. Dans l’étroit espace aménagé derrière le comptoir, un nabot corpulent, à l’épaisse moustache noire, se grattait le coude, l’œil perdu dans le vague.

Parker écarta les femmes et s’avança.

— Est-ce que Jimmy est dans le secteur en ce moment ? demanda-t-il au basduc.

Delgado continua à se gratter le coude. Puis son regard reprit vie et se fixa sur le visage de Parker.

— Vous êtes un ami de Jimmy ?

— Oui.

— Alors comment ça se fait que vous ne savez pas où il est ?

— On s’est perdu de vue.

— Alors comment ça se fait que je vous aie jamais vu ?

— C’est Jimmy qui conduisait ma voiture pour l’affaire de l’usine de Chicago.

Les mains de Delgado tressaillirent brusquement et il lança un bref coup d’œil alarmé sur les deux femmes.



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